Programme 2024-2025

Aux racines de l’humain.

Trois séances au programme de cette année :

  • Le 13 décembre 2024 de 14h00 à 16h00 (intervention, discussions et moment convial). Quentin HIERNAUX introduira la philosophie du végétal et nous parleradu "Tableau physique des Andes" de Humboldt et de sa géographie équinoxiale des plantes. LOCAL L31

  • Le 28 février 2025 de 14h00 à 16h00 (intervention, discussions et moment convial)Jean-Baptiste VUILLEROD abordera la thématique suivante: Naturphilosophie du végétal : Goethe, Schelling, Humboldt.

  • Le 11 avril 2025 de 14h00 à 16h00 (intervention, discussions et moment convial), Roland CAZALIS nous partagera son point de vue de biologiste sur le monde végétal.

Pour introduire le sujet...

Si nous faisions le bilan de l’histoire de l’humanité, une tendance ressortirait certainement : celle d’un rapport utilitaire au non humain ne cessant de s’accentuer, et par suite celle d’un fossé se creusant entre l’humain et le reste.

L’humanité plonge pourtant ses racines dans un milieu vivant qui cultive bien d’autres relations que celles que nous privilégions actuellement et qui sont dominées par la rationalité instrumentale. Sonder ces univers relationnels oubliés sans lesquels il est de plus en plus difficile de penser l’humain est un objectif de ce séminaire qui, cette année, vous invitera à rencontrer le végétal.

Nous avons l’an dernier porté notre attention à la dimension communautaire du vivant en partant de l’œuvre d’Aldo Leopold. Le forestier américain nous interpellait notamment avec ce questionnement duquel nous ne devrions jamais nous éloigner : « qu’aimons-nous et qui aimons-nous au juste ? ». Sa réponse, au milieu du siècle dernier, confirmait déjà la tendance évoquée ci-dessus : « Certainement pas les sols, que nous laissons se faire charrier vers les estuaires. Certainement pas les eaux, dont nous supposons qu’elles n’ont d’autres fonctions que d’actionner des turbines, porter des chalands et emporter des ordures. Certainement pas les plantes, dont nous exterminons des communautés entières sans un battement de paupière. Certainement pas les animaux, dont nous avons déjà extirpé beaucoup des plus grandes et des plus magnifiques espèces. ». Face à ce manque de considération vis-à-vis de ce qui n’est pas nous, l’éthique de la terre proposée par Léopold « modifie le rôle d’homo sapiens, qui, de conquérant de la terre-communauté, en devient membre à part entière et citoyen ». Il s’agit donc d’une éthique qui « implique le respect pour les autres membres ainsi que pour la communauté en tant que telle », et « l’homme n’est en définitive qu’un membre d’une équipe biotique » (« L’éthique de la terre », dans Almanach d'un comté des sables).

Pour nous aider à retrouver ce sens communautaire vital, nous nous tournerons cette année vers les modes de vie du végétal : ces vivants qui entretiennent des relations intimes avec la lumière, l’air, l’eau et tout ce que nous nommons « sol ». Comment nous laisser instruire par les végétaux sans lesquels nous ne pourrions exister ? « En rendant possible le monde dont elles sont partie et contenu, les plantes détruisent la hiérarchie topologique qui semble régner dans le cosmos. Elles démontrent que la vie est une rupture de l’asymétrie entre contenant et contenu. Lorsqu’il y a de la vie, poursuit le philosophe Emanuele Coccia, le contenant gît dans le contenu (et est donc contenu par lui) et vice versa. Le paradigme de cette imbrication réciproque est ce que les Anciens déjà appelaient souffle (pneuma). Souffler, respirer, signifie en effet faire cette expérience : ce qui nous contient, l’air, devient contenu en nous et, à l’inverse, ce qui était contenu en nous devient ce qui nous contient. » (La vie des plantes).