L’identité en question : entre parcours de vulnérabilité et chemins d’autonomie. Colloque organisé à l'UNamur, les 23, 24 et 25 janvier 2019

L’humanité est vulnérable : le contexte de crise que nous traversons, autant écologique que sociétal, suffit à nous en convaincre. Face à ce constat, une première réaction – les débats éthiques le montrent assez – consiste à vouloir lutter contre cette vulnérabilité, au nom d’une autonomie conçue comme affirmation de l’individu. Est-ce cependant la réaction la plus respectueuse de l’homme, cet être à la fois sensible et rationnel, solitaire et politique ? Des auteurs (Aristote, Lévinas, Nussbaum et Ricœur) ainsi que des ouvertures aux sciences (médecine, robotique, informatique), au droit et aux arts (littérature, cinéma), nous aideront à mettre à jour ce jeu délicat et changeant, du capable et du vulnérable, qui constitue l’humain. Le Colloque est organisé par l'Institut ESPHIN, en collaboration avec le cUNdp, le Centre Sèvres de Paris et l'Ignatianum de Cracovie. Le Colloque est soutenu par le projet HEST (Heigher Education for Social Transformation), le FNRS et la FWB.

Argumentaire

En 2013, lors d’un premier Colloque international consacrés aux « Approches philosophiques de la vulnérabilité » nous constations que nos conceptions contemporaines de la solidarité pouvaient être déstabilisées plus par le dévoilement de la vulnérabilité de l’être humain que par lévolution de léconomie, de la biomédecine ou des technologies contemporaines. Face à cette déstabilisation, nous mettions en évidence à quel point le développement de politiques daide à lindividualisation des personnes vulnérables et à leur autonomisation avait constitué une première réponse à ce dévoilement de la vulnérabilité mais aussi que lexpérience de celle-ci avait rendu possible le développement d’une réflexion à propos des enjeux éthiques et politiques du vivre humain (les éthiques du care ou les philosophies du soin, par exemple), permettant de questionner les présupposés implicites des théories modernes de la justice, la conception du sujet, la construction de l’identité, de la morale et des liens qui font de nous des êtres sociaux.

Cinq ans après, nous nous rendons compte que ces questions sont toujours d’actualité et nous souhaitons nous nous les reproposer en nous interrogeant tout particulièrement sur l’articulation entre vulnérabilité et autonomie, articulation qui occupe de plus en plus le devant de la scène notamment dans les questions d’éthique et de bioéthique. Encore très souvent, effectivement, la réflexion sur la vulnérabilité humaine est proposée dans le débat éthique en supposant que la vulnérabilité est comme la face négative de l’autonomie. Et puisque l’autonomie est le plus souvent considérée comme le lieu de l’affirmation de l’individu, la notion de vulnérabilité en vient à être le plus souvent associée à une « individualité négative » dont il faut se défaire. C’est en cela que la mise en avant de la vulnérabilité questionne la notion d’autonomie et pose le problème de leur articulation.

Mais s’interroger sur la vulnérabilité du vivant humain conduit à interroger ce qui le constitue comme individu rationnel et émotionnel, comme vivant appartenant à une espèce particulière, comme sujet et comme « être politique », c’est-à-dire comme être relationnel, comme personne, comme sujet libre et responsable de ses actes, sujet de droit et de devoirs. Toutes ces thématiques, dans leur diversité, renvoient à l’ambivalence qui fonde l’ « identité » de l’homme comme vivant capable et vulnérable à la fois.

La problématique de la vulnérabilité et son articulation avec l’autonomie provoque donc une interrogation à propos du statut du sujet, de son identité ainsi que de sa valeur, de sa liberté, de sa responsabilité, et questionne ainsi les fondéments de sa dignité.

Nombreux sont les philosophes qui peuvent être convoqués pour aborder ces questions, mais quelques-uns nous semblent particulièrement intéressants et c’est ceux que nous voulons questionner: Emmanuel Levinas, Martha Nussbaum, Paul Ricœur ainsi qu’Aristote à travers ceux-ci.

C'est tout cela que le Colloque veut explorer  à travers les Conférences et la projection du Film Incendies

A partir de ces aspects et de ces auteurs, bien d’autres contributions seront envisagées dans le Colloque, notamment dans les trois section des Ateliers où nombreux chercheurs présenterons des ouvertures vers l’anthropologie scientifique, vers l’ « homme augmenté », vers les nouvelles technologies de l’information, y compris au niveau du droit, de l’art et de la littérature.